Bientôt l’ envol du Vélis?
En créant Green Aéro Lease, Charles Cabillic, entrepreneur Brestois déjà connu pour avoir fondé l’entreprise Openfly fait un beau cadeau à l’aviation légère. L’entreprise se propose en effet de donner de l’élan au biplace Velis électro du constructeur Slovène Pipistrel dont elle vient de commander 50 exemplaires afin de les mettre en location.
Que l’on soit fan ou pas de l’aviation électrique, même si le manque de recul sur cette évolution obère grandement l’objectivité qu’on puisse avoir sur la question, cela n’en est pas moins une excellente nouvelle pour l’aviation générale. Surtout pour l’ époque où elles ne sont pas légion.
Etat des lieux
Celui qui gère une école de pilotage connait la marge de manœuvre dont il dispose pour financer l’achat un nouvel appareil. Elle est en général très faible. A cela viennent s’ajouter deux choses.
D’une, la pression “sociétale” qui pousse à verdir une une activité souvent aussi mal perçue que mal connue. De deux , la nouvelle propension de l’Etat à taxer nos carburants de manière faussement expiatoire ce qui est loin d’être l’approche la plus pragmatique pour résoudre la problématique précédente. Sur ce point, on suivra d’ailleurs avec attention les appels émis afin de récupérer une partie des bénéfices de cette taxe pour donner un peu de sens à la mesure. (comme aider à l’achat d’avions électriques par exemple). On sait hélas que le risque de voir tout cela reversé au budget général est grand.
On voit donc que l’impossibilité financière de répondre si facilement à l’appel du changement risquait fort d’être un des principaux freins à l’arrivée de ces nouvelles machines 2.0 sur le marché français. Anecdotique (aujourd’hui 2 appareils volent en région parisienne) leur déploiement prendra du temps car il faut bien être honnête, pas ou peu de structures attendaient de pied ferme la certification du Velis pour passer à une aviation plus “verte”. Et quand on connait le rythme habituel du renouvellement des flottes, on se dit que sans un boost sérieux , rien ne laissait présager que l’on puisse voir ces machines filer en nombre dans l’azur avant longtemps.
Il faut saluer alors l’engagement de la firme bretonne et sa confiance ouvertement affichée dans l’avenir de l’aviation dite de loisir. Une confiance d’autant plus remarquable que le succès d’un nouvel appareil n’est jamais acquis d’avance. Cela souligne la taille du pari.
Même si certaines questions bien légitimes trouveront leurs réponses, dans une utilisation à plus grande échelle il n’en reste pas moins que pour beaucoup de pilotes, la marche à franchir sera haute (ou basse).
Avec sa puissance de 57,6 kW sa vitesse de 90 Kts et son autonomie de 200 km, le Vélis electro devrait pouvoir répondre à une partie de la demande de vols des aéroclubs
Pour les “anciens” qui ont connu les Cessna 150, et les DR en tous genres le Velis reste un avion… très léger. Et la légèreté na pas toujours été très bien perçue par le passé. On se souviendra de l’accueil mitigé du Robin ATL dans les années 80 dont le manque de caractère participa grandement au fait que seuls 132 exemplaires trouvèrent preneur…sans autre suite. Faire bouger les lignes dans cette population ne sera pas si évident mais, est ce si grave? Car ce n’est sans doute pas la population visée. Le Vélis pourrait alors devenir une belle opportunité pour attirer un nouveau public, jeune et naturellement plus sensible aux questions environnementales. Il y a donc là une belle carte à jouer tant pour Green Aero Lease que pour ses clients potentiels. Reste à en connaître le prix. Un argument qui bien plus que les électrons, pourrait à lui seul aider à mettre tout le monde d’accord.