"L’aviation est la preuve que si on nous en donne la volonté, nous avons la capacité de réaliser l’impossible" Eddie Rickenbacker

Pourquoi nous n’irons pas à Poitiers et autres réflexions utiles

Pourquoi nous n’irons pas à Poitiers et autres réflexions utiles

By on Avr 5, 2021

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L’aviation légère aura sans aucun doute été l’un des éléments marquants de l’actualité de ce beau week-end de Pâques. La sortie de l’élue de Poitiers aura offert une tribune médiatique rare à ses aéroclubs et par ricochet, à tous les autres.

Le décors du week-end

En dépit  d’une légère déconvenue financière initiée par l’abandon du soutien de leur municipalité, c’est finalement les propos clôturant l’intervention de la mairesse qui ont mis le feu aux poudres, piquant au vif dans son ensemble la grande  famille de l’aérien. Celle-ci n’a d’ailleurs pas tardé à réagir vivement sur les réseaux sociaux suivie de manière plus ou moins sincère par des acteurs plus politiques. Il faut dire que la pensée est allée très loin. Trop peut- être du point de vue de ce qui peut être politiquement et surtout moralement acceptable dans une société régie par un humanisme très républicain.

Sur le premier point concernant la subvention. Nous n’avons pas à redire bien que la décision soit regrettable. On peut comprendre qu’en ces temps de disette économique, une municipalité puisse arbitrer dans ses dépenses, jugeant certains secteurs moins prioritaires. Celui des associations par exemple. C’est discutable mais pourquoi pas… La notion d’équité voudrait que l’effort soit alors réparti sur l’ensemble des associations. Pas sûr que ce cela ait été le choix. Il faudra expliquer pourquoi certains gamins ou adultes, adeptes d’une pratique sportive ou de loisir particulière, devraient se serrer la ceinture plus que d’autres. Là c’est clairement un choix, de surcroit idéologique. Encore une fois pourquoi pas. On saura alors où placer l’équité sur l’échelle des valeurs de l’écologie.

Après réflexion, le CPA, a choisi de ne pas prioriser cet axe (le refus de subvention) pour plusieurs raisons.  D’abord parce qu’une subvention n’est pas un dû. Une mairie l’accorde à discrétion, certaines choisissant l’équité comme dit précédemment  alors que d’autres y voient plutôt le fait du Prince. On peut alors entendre que l’aviation thermique (ou pas, étonnement dans le cas précis puisque le vol à voile et l’aéromodélisme également visés) ne soit pas la tasse de thé d’élus verts.  Dont acte.

Par ailleurs, se lamenter sur cette perte financière, certes dommageable pour les aéroclubs et leurs adhérents, pourrait dans une communication trop appuyée  être contre-productive. En effet, peu de personnes   connaissent les coûts d’exploitation d’un aéroclub. Ramener le débat aux chiffres peut pour beaucoup fausser la perception de la réalité du fonctionnement  d’une telle structure. Il est clair que provisionner pour un moteur suppose d’engager 35000 ou 40000 euros là où avec dix fois moins un club de foot (amateur bien sûr) fournira t-shirt et ballons pour une année de pratique

Si on ne peut évidemment pas envisager une société où tout un chacun aurait le même pouvoir d’achat pour ses loisirs à l’instar de toutes les autres choses (logement, habillement, voiture etc), le regard populaire lui ne retiendra que cet écart. Qu’importe d’ailleurs si dans ceux qui volent, certains ont les moyens et d’autres moins.  La  passion et l’intérêt pour la chose aéronautique étant leur seul véritable dénominateur commun.  Alors sur cette affaire, même si la vérité est différente des simples apparences, nous ne sortirions pas gagnants en pleurant à chaudes larmes, fussent-elles de bonne foi.

Pour la seconde partie du propos, Le CPA s’associe pleinement à l’indignation quasi générale qu’elle a pu soulever. S’il est une chose intouchable, quand bien même la cause serait juste, c’est le droit qu’à chacun de rêver. Surtout lorsque l’on parle des enfants.  Les mots traduisent la pensée et ils ne sont normalement pas dits au hasard. Surtout lorsqu’ils expriment publiquement la pensée d’ une  représentante élue  du peuple.  Soit l’édile pensait ce qu’elle disait et nous a livré brutalement et peut être malgré elle la face sombre de l’écologie made in France, soit on tentera de nous expliquer qu’elle ne pensait pas ce qu’elle disait, ce qui n’est pas moins inquiétant.

Et si c’était un piège?

Reste qu’en matière de communication, qu’on parle de vous en bien ou en mal, on parle toujours de vous. Et bien souvent ce que l’on retient… c’est vous.  Ce déferlement à priori punitif en est t’il un vraiment ? Oui il fait du bien et livre plus ou moins poétiquement ce que l’on a sur le cœur. Mais la tribune dont nous profitons n’était-elle pas un piège ? Bon ou mauvais… Une chose est sûre nous avons foncé, porté par l’émotion et sans chercher plus loin

Et c’est peut-être là notre faiblesse. L’émotion à chaud n’est pas bonne conseillère.  Sans doute avons-nous renforcé notre cohésion, prouvant qu’on pouvait se lever tous ensemble. Mais la cohésion du camp d’en face aura aussi profité de notre soulèvement  collectif. Et l’erreur serait sans doute de persévérer.  Nous  avons dit notre pensée, illustrée de photos de gosses émerveillés, ponctuée de bons mots dont certains plus gros que d’autres. Retenons là l’essentiel :  nous  avons tous réagit  ensemble. Et c’est nouveau.

Ne mettons pas tous nos œufs dans le même panier

Il nous faut maintenant agir. “Tous à Poitiers au premier dé confinement venu” aura été notre première idée pour montrer nos muscles et notre amour de ce qui vole. Soyons plus malins. Qui pensera aux rêves malmenés de nos gosses  dans un mois quand l’actualité zappe aussi vite ? C’est prendre le risque de mal rallumer  le feu, d’énerver inutilement et de redonner la parole à  ces verts qui n’auraient même pas pu avoir leur place, bien que méritée, dans le magasine de l’extrême d’un Monsieur Hulot nous faisant rêver pendu à tout ce qui pouvait tenir en l’air.

Prenons un peu de recul. Capitalisons et revenons déchargés de nos émotions du moment mais froidement armés d’intentions positives, les seules capables de nous faire entendre utilement.  Appelons  et accompagnons  ceux dont le rôle en France est d’agir pour l’aérien. FFA, CNFAS, UAF. Ensemble donnons-nous les moyens de préparer une vraie  réponse. Regroupons-nous et organisons le CPA, Ciel d’avenir et autres collectifs défenseurs de l’aérien pour rebondir sur les valeurs positives de nos activités. Solidarité, formation, découverte, progrès techniques, richesse environnementale.  Nous Pourrons alors atterrir  sur des terres accueillantes  qui sauront,  elles en profiter. En attendant le retour de jours meilleurs en Poitou.

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