Un billet pour Stockholm ?
L’image choisie est volontairement forte voire provocatrice. J’en assumerais volontiers son usage afin de répondre, sans concession, à ce que l’on pourrait aujourd’hui considérer comme une “prise en otage de l’aérien”. Au cœur d’une problématique qui certes la concerne mais où elle ne joue qu’un rôle mineur, force est de constater que quelques un n’hésitent plus à user d’un activisme contraignant, certains parlant même de terrorisme intellectuel, au profit de leur lutte idéologique contre le secteur aéronautique.
Une question préliminaire mais cruciale
L’aérien est-il victime ou bien coupable? Question singulière. Du point de vue des écologistes la réponse est claire. Il est coupable. Le prisme réducteur de l’écologie enferme très naturellement les activités aériennes dans la catégorie de celles qui contribuent le plus à détruire la planète. L’inconscient collectif place lui aussi l’aérien pour diverses raisons dans la case des méchants pollueurs. Ces préjugés ont la vie dure. Tout ceci rend d’autant plus difficile la tâche de celles et ceux qui comme nous, tentent de replacer la tour de contrôle au centre de l’aéroport.
Cette culpabilité largement sur-évaluée peut pousser les plus radicaux à rêver funestement de clouer définitivement les avions au sol . #AvionsAterre, #RestonsAterre #TousAterre, #staygrounded etc nous rappellent au besoin que le projet de ceux qui jugent l’aviation coupable ne fait pas franchement dans la demi-mesure.
Il faut bien évidemment ne pas mettre tous les opposants dans le même panier. Les plus constructifs d’entre eux accompagneront utilement l’industrie dans sa quête de nouveauté. A condition toutefois qu’ils acceptent de lui en laisser le temps. Malheureusement, c’est bien l’implication négative de l’autre frange qui est la plus visible.
Les détracteurs se sentent pousser des ailes
Profitant avec opportunisme de la crise sanitaire inédite qui affaiblit l’ensemble du secteur, un bon nombre de détracteurs se sentent pousser des ailes. Du riverain d’aérodrome flairant l’occasion de pousser ses revendications auprès d’élus généralement peu concernés par la chose aéronautique, au directeur de la SNCF qui lance de fausses informations sur un plateau de télévision (l’air des avions non renouvelé) en passant par des “frequent flyers” reconvertis en dézingueurs de l’aérien, tous s’en donnent à cœur joie. Ils ont par ailleurs un boulevard devant eux tant leurs propos bénéficient d’une couverture médiatique complaisante et tombe le plus souvent dans l’oreille d’un public peu au fait des réalités.
Ce matraquage particulièrement bien organisé parvient ainsi à enfermer l’aérien dans une spirale négative qui prend de court l’ensemble des acteurs du secteur.
Dès lors, il n’est pas étonnant de constater qu’un nombre croissant de personnes mis sous pression constante, finisse convaincu de la culpabilité bien au de là des faits, du secteur aéronautique. Ce phénomène, nous le retrouvons jusqu’au cœur du système. On y voit ainsi des acteurs éminents prendre fait et cause pour le camp de la décroissance. De jeunes apprentis ingénieurs plaident pour des objectifs singulièrement décalés par rapport à l’objet de leur orientation. Ils n’hésitent plus à réclamer à leurs directions d’études une inflexion des programmes et se posent d’emblée en prescripteurs de contenus alors qu’ils sont là pour… apprendre. Cette tendance a gagné plusieurs écoles comme la prestigieuse Ecole Nationale de l’Aviation Civile ou Supaero. Le collectif Supaero- decarbo affichant même ouvertement sa proximité avec le Shift Project dont le projet n’est pas particulièrement reconnu comme étant favorable au transport aérien.
Un entrisme inquiétant
Des personnalités font aussi preuve d’une remarquable complaisance à l’égard des idées du Shift Project et de son brillant fondateur Jean-Marc Jancovici. Des cockpits aux étoiles, le monde de l’aérien semble désormais constellé de personnes prêtes à freiner le cours de l’ aviation tel que nous le connaissons aujourd’hui pour répondre aux “menaces climatiques”.
Agissons libres plutôt que convertis
Il ne s’agit pas de nier aujourd’hui l’importance de la question environnementale. Quel que soit notre rapport à l’écologie, rien ne nous dispense de prendre soin de notre planète au quotidien ni d’œuvrer librement afin de bouger les choses. Il est par contre essentiel de ne pas nous laisser enfermer dans une logique contraire au développement raisonné du secteur ni succomber aux causes dont certains aboutissements nous dépassent probablement très largement. Derrière de belles idées, une partie au moins de ceux qui nous font face ont un tout autre projet que celui pour lequel nos pairs ont œuvré depuis un siècle afin nous permettre de voler.
Soyons fiers de pouvoir poursuivre cette évolution en y ajoutant la dimension écologique chère à l’époque, mais gardons nous bien de nous résoudre à la réduire au renoncement qui conduirait tout droit les avions au placard.