Train de nuit : Aller / retour pour Castex?
Nous pouvons saluer l’exemplarité de notre premier ministre. La remise sur les rails des trains de nuits pour une poignée de lignes nationales et internationales fraîchement annoncée, Jean Castex s’est empressé de recourir à ce nouveau service de la SNCF dont les promoteurs tenteront vite de nous faire oublier qu’il sent le réchauffé pour que nous ne gardions en tête qu’il est bien plus en phase avec les exigences écologiques que l’avion (sic)
Quoi qu’il en soit, voilà un trajet Paris Nice, plus de douze heures quand même, qui n’aura pas manqué de marquer les voyageurs. Ils auront eu la surprise d’entendre le chef du gouvernement en personne faire l’annonce au micro d’un autre chef… celui du train. Un micro restant un micro, il permet toujours de faire de la communication. Ce qui n’a visiblement pas échappé au premier ministre.
Pour qui le train de nuit?
Nous ne sommes pas là pour dire du mal des trains de nuit, mais on peut s’étonner à minima de ce soudain retour en grâce que la SNCF n’avait peut être elle même pas prévu. Certes ces trains pourront à coup sûr trouver une clientèle, même si elle n’est que de niche (pas Nice). Il y a les jeunes bien sûr qui, habitués à prendre des décibels dans les oreilles s’accommoderont bien d’une nuit passée au gros son ferroviaire. Pour peu qu’ils aient du temps, (car c’est vrai qu’un aller retour week-end sur la côte comprenant 2 nuits en train pourra demander une certaine motivation) et que les tarifs suivent (car si l’offre n’est pas concurrentielle, le choix du train relèvera plus de l’acte militant que de la partie de plaisir).
A propos d’acte militant, ces trains de nuit s’inscrivent dans la continuité des mesures pro-climat de la convention citoyenne Adhoc et de la loi dite climat résilience qui en est le fruit. Par cette mesure, le gouvernement touchera le cœur de cible écologique : les “flygskamers” bien sûr et autres citoyens dont beaucoup probablement, seront également de grands adeptes de permaculture sur balcon ou de reforestation urbaine. En résumé ceux pour qui l’avion est devenu soudainement infréquentable.
Le gouvernement leur offre un moyen adapté pour leurs déplacements dont ils ne feront pas l’économie bien qu’il faille sauver sauver la planète. A l’occasion ils trouveront là tout le loisir pour méditer à leur beau geste. Ajoutons à cela que les 12h coincé dans un wagon entre un voisin qui ronfle et un compartiment de fêtards qui picole toute la nuit (vécu sur un Bordeaux Nice) leur garantira en plus un voyage convivial. J’exagère un , c’est de bonne guerre mais…
Bien entendu, il y a aussi les vrais convaincus. Ceux qui trouvent au train de nuit le charme des voyages authentiques. A ceux là je veux dire mon admiration.
Retour en force ou retour forcé?
Reste que ce mode de transport, abandonné il y a 5 ans (Peut on se demander pourquoi?) va devoir refaire ses preuves. Car si le voyageur Castex semble évidemment satisfait de son périple devant les journalistes venus en nombre pour l’accueillir matutinalement , il faudra sans doute plus qu’un simple show médiatique pour convaincre tous les autres. A moins de planifier un envoi massif de la population sur les rails de France en leur rendant l’avion impossible. On n’oserait pas l’ imaginer dans un pays d’économie libérale.
Un show d’ailleurs dont il pourrait être instructif de dévoiler les coulisses. L’enfumage pouvant être aussi générateur de CO2 . Il sera aussi intéressant de suivre le retour à Paris, probablement moins médiatique, du Premier ministre. Pour qui connait un peu la logistique gouvernementale, il y a fort à parier qu’un avion ministériel ait fait le vol à vide pour devancer le train. Le temps étant malgré tout précieux et pour ne pas abuser des “bonnes choses” c’est donc très probablement en une heure et par la voie des airs que Jean Castex regagnera Matignon.
Le train de nuit est donc lancé pour les Français. Nous attendons avec impatience d’y croiser tous les ministres et les hauts fonctionnaires.