SNCF: la (vraie) concurrence arrive
C’est ce samedi 18 décembre qu’arriveront les trains à grande vitesse de la compagnie ferroviaire Trenitalia sur l’axe Lyon Turin Milan. Un événement majeur pour le rail français puisqu’il signe l’ouverture à la concurrence du marché des lignes à grande vitesse.
Les premières rames ont d’ailleurs très vite trouvé leur clientèle attirée par des tarifs compétitifs mais aussi inquiétée par l’annonce d’un préavis de grève des cheminots français déposé pour les 17, 18 et 19 décembre prochains. Une gêne qui, si elle se confirme, pourrait presque entrer dans la tradition à l’approche des fêtes. Les voyageurs s’y sont habitués bon gré mal gré au fil du temps mais ils accueillent sans doute cette nouvelle alternative avec bonheur, préférant en cette période les histoires de traineaux à celle des galères.
Mesurons bien le virage qui s’opère. S’il y a peu à redire sur le niveau de confort des trains français, c’est assurément sur la régularité, la fiabilité du service et sur le prix des billets que Trenitalia et demain les autres opérateurs auront une carte à jouer.
Pour l’heure, cette perspective ne semble pourtant pas émouvoir les syndicats français arque boutés sur leurs vieilles pratiques. Ils continuent à prendre en otages leurs usagers oubliant au passage qu’ils seront de moins en moins, dans ce contexte d’ouverture, des clients captifs.
La faiblesse des arguments commerciaux face à cette nouvelle concurrence ferroviaire
Pour résister à ce petit séisme mettant fin à plus de 85 années de monopole, une des pistes évoquées consiste à élargir le gâteau pour que chaque opérateur puisse en avoir sa part. En 2018 déjà la SNCF annonçait vouloir doubler le nombre de ses passagers OUIGO pour l’augmenter de 7 à 14 millions. Pour assouvir sa faim, le transporteur n’a d’autre solution que de lorgner avec insistance sur un gâteau voisin.
Il sera difficile pour la SNCF de se mesurer à son compétiteur direct contre lequel ses avantages concurrentiels apparaitront finalement très minimes. Pourquoi dès lors se priverait-elle d’aller chercher un challenger sur lequel elle pourrait être plus à son aise pour taper, et surtout contre lequel elle ne risquerait pas de se faire prendre en défaut?
Si le débit wifi, la saveur de l’expresso ou le confort des banquettes pourraient rapidement s’avérer être des arguments un peu courts pour juger d’un voyage, c’est bien sur la régularité et l’assurance d’arriver à l’heure (ou d’arriver tout court) que le passager pourrait attendre le TGV français au tournant. Sur ce point, il n’est pas certain que la SNCF soit à son avantage.
Contre Trenitalia, l’argument écologique inopérant
Quant à l’argument “phare” consistant à mettre en avant l’écologie et la lutte contre le réchauffement climatique, il est clair qu’il ne présente aucun intérêt dans le cadre d’un affrontement intra-ferroviaire. A moins de jouer sur des détails (recyclage, compensation des émissions) qui auront, de toute manière, peu de chance d’emporter la décision du passager au moment de l’achat de son billet.
L’avion et la voiture, cibles de choix
Qui peut apparaître alors comme une cible privilégiée à conquérir ? Les passagers de l’aérien et du transport automobile bien sûr. Puisque la SNCF (mais c’est aussi vrai pour Trenitalia) n’ont rien à gagner véritablement à s’affronter dans un combat à armes égales, c’est bien sur d’autres terrains qu’ils devront aller chasser. Une chasse qui pourrait même avoir commencé si l’on s’en tient à la lecture des récents propos du président de la SNCF ou aux campagnes de communication de l’entreprise dont chacun peut constater qu’elles sont pour le moins orientées contre l’avion.