CO2 vs FOOT
La polémique s’est abattue sur le plus célèbre des clubs de foot parisiens comme la vérole s’abat sur le bas clergé. Quelle plus belle cible les pros-du dénigrement de l’aérien ( marketeurs du rail en tête) pouvaient ils trouver pour mettre en avant leur aversion contre un mode de transport qu’ils jugent inadapté dans un contexte où la vie future ne tiendrait plus, à les en croire, qu’à nos actions immédiates contre le réchauffement climatique? Fussent-elles parfaitement insignifiantes.
Une polémique bien orchestrée
A peine lancé, le piège s’est refermé sur un joueur emblématique et son entraîneur sans doute mal briefés sur le match “médiatique” du jour. Tout ce que la France semble compter de défenseurs inconditionnels de la cause climatique s’est offusquée de la réponse, sans doute pas préparée, des acteurs bien malgré eux de cette tragi-comédie typiquement française. La dérouillée aura été sévère. Il faut dire que le gouvernement dans le rôle d’arbitre n’a pas particulièrement fait preuve d’ impartialité.
L’équipe qui jouait à domicile s’est un peu laissé aller. Techniquement, on pourra toujours lui rapprocher son manque de finesse dans la finition de ses contres. Il n’en reste pas moins qu’elle aura eu le mérite de ne pas entrer dans le jeu de l’adversaire ce qui dans un match un peu tronqué peut déplaire. Lui qui aurait adoré que l’équipe star baisse publiquement le pantalon pour l’exemple. C’est raté. Reste à voir si on ne le lui fera pas payer au vestiaire…
Une surenchère inutile
Pour revenir à nos moutons, quel est le fond du problème ? Qu’un club de sportifs utilise l’avion pour se déplacer ? Cela valait-il un fromage, au point de mobiliser sur le champ jusqu’au sommet de l’Etat?
Cet épisode aura assurément le mérite de mettre en exergue, à la limite de l’outrance, la question des déplacements aériens privés et de leurs 0.04% d’impact sur l’ensemble des émissions de CO2 nationales. Cela démontre à quel point combien cette séquence politico-médiatique est surjouée.
Sera-t-on aussi attentif à l’éventuel déplacement d’un représentant de l’Etat Français au Qatar pour la coupe du Monde qui se déroulera dans les prochains mois ? Rien de tout cela ne parait très sérieux au regard des vrais enjeux qui touchent, pour ne pas dire affectent les français dans le contexte économique qu’on connait. On nous amuse.
L’impertinence pour défendre un transport pertinent
Il semble dès lors important de rappeler certaines vérités. Déplacer une équipe sportive sur plusieurs centaines de kilomètres suppose plusieurs critères. D’abord la sureté au regard des hordes de supporters dont la discipline n’est dans notre pays, pas toujours le fort. Ensuite de la souplesse, pour permettre des arrivées et des retours parfaitement maitrisés et surtout ponctuels. Deux éléments que la SNCF ne maîtrisera probablement pas de si tôt à moins de mobiliser une armée de CRS à chaque déplacement et de s’assurer un minimum de complaisance syndicale.
L’avion contrairement au train répond parfaitement, disons pour des distances supérieures à 400 km aux contraintes de ces allers retours « éclairs ». Concédons qu’il faille pour ce faire un appareil de capacité adaptée et aux performances optimisées pour remplir le cahier des charges. La France produit d’ailleurs sur son sol un très bon appareil, l’ATR. Pour rappel à nos élites écologistes, ATR signifie Avion de Transport Régional. Par conséquent une utilisation dans ce pur cadre est évidemment parfaitement adaptée d’autant plus que les performances de ces appareils sont tout à fait acceptables au regard de leur impact environnemental très limité. On parle aujourd’hui de moins de 3 litres au 100 km par passager pour une vitesse de déplacement de l’ordre de 500km/h. Peut être suffirait-il simplement de le faire savoir pour éviter les polémiques inutiles. Mais est-ce vraiment le but?