"L’aviation est la preuve que si on nous en donne la volonté, nous avons la capacité de réaliser l’impossible" Eddie Rickenbacker

IATA veut mettre le passager face à son CO2

IATA veut mettre le passager face à son CO2

By on Juin 21, 2022

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L’Association du transport aérien international plus connue sous l’acronyme IATA, représente aujourd’hui 83% du trafic aérien mondial de passagers à travers ses 290 compagnies membres. Un poids qui, compte tenu de la nature des ses activités, l’engage assurément vis à vis de considérations environnementales.

C’est à ce titre que IATA s’est engagée officiellement voilà quelques mois à réduire les émissions carbone de l’aviation commerciale. Un “plan de vol” qui prévoit d’atteindre le zéro net carbone à l’horizon 2050. Dans le détail de cette décarbonation programmée (visant à faire disparaître 1,8 gigatonnes de CO2), on trouve le recours conséquent (65%) aux carburants durables (SAF), le développement de nouvelles technologies dont la propulsion à hydrogène (13%) ainsi que la modification de pratiques de vol pour un plus modeste 3%. Le reliquat trouvant une issue dans la captation, le stockage et la compensation .

Une transparence affichée

Dans l’intervalle et en attendant qu’une aviation totalement débarrassée de ses émissions compromettantes nous permette de voyager en ayant l’esprit libéré de toute culpabilité climatique, IATA a souhaité inclure le passager dans sa démarche de transparence. Pour ce faire, l’organisation met en ligne un calculateur d’émissions de CO2.

CO2 connect, c’est son nom, devrait permettre aux voyageurs ou aux prescripteurs de voyages d’évaluer l’ empreinte carbone d’un trajet donné en fonction de la “durabilité” des vols offerts par chaque compagnie. Ceci bien évidemment dans l’optique de guider leur choix de voyage.

Gadget vert ou réel outil de décarbonation?

Cet outil devrait permettre aux voyageurs les plus exigeants d’ ajuster leurs achats de vols en fonction de leur propre sensibilité à la cause environnementale ou d’objectifs environnementaux corporatifs.

Vu côté compagnies, cet outil semble être un moyen très concret de mettre en avant leurs efforts de transition. Un argument qui pourrait aussi les inciter à s’engager toujours plus loin dans la décarbonation de leurs activités et d’ériger le critère environnemental en facteur décisionnel. Ceci pour d’emporter le choix du passager face à la concurrence sur un trajet donné.

Les limites du système

Si le système s’inscrit dans l’air du temps, il n’en demeure pas moins que les plus fervents opposants et autres critiques du transport aérien pourront toujours trouver à redire contre un calculateur développé par le secteur aéronautique lui même. Ils ne manqueront pas, comme à leur habitude, d’y voir une énième tentative de “greenwashing” dont l’unique but serait de tromper le chaland. Développé par IATA en collaboration avec une vingtaine de ses compagnies, des avionneurs et autres partenaires reconnus du secteur, le calculateur ne fera pas, c’est à craindre, l’unanimité. D’autant plus que le CO2 ne serait plus un élément suffisant (on parle aujourd’hui d’effets non CO2).

En effet, chacun en la matière et selon son prisme peut être tenté de doser le CO2 à sa sauce pour l’accommoder à son propre calculateur. C’est précisément cette dérive que le dernier ministre des transports connu, Jean-Baptiste Djebbari a sans doute souhaité contrer en créant l’observatoire de l’aviation durable (OAD) dont la médiation sur le sujet aurait /aura le mérite de faire foi. Hélas pour l’heure, les moyens comme les actions de cet organisme semblent rester limités.

IATA CO2 Connect utilizes the newly developed CO2 Calculation Methodology, adopted by IATA’s Passenger Service Conference in March this year. This was conceived by leading partners from 20 airlines and major aircraft manufacturers, in consultation with international standard-setting bodies and logistics services providers.

Logique écologique contre logique tarifaire

Quoi qu’il en soit, le recours à ce calculateur mais surtout l’acte d’achat supposé en découler s’inscrivent dans une logique de “bonne volonté”. Tout cela ne devrait s’avérer concluant (quels seront les critères permettant d’en juger?) que si les passagers adhèrent pleinement à l’idée d’instaurer une dose de durabilité dans l’achat de leur billet. Or dans un contexte économique et sociétal tendu, l’envie de voyager et le critère du prix peuvent encore largement l’emporter sur des considérations toujours perçues par une majorité comme secondaires.

Il conviendra donc d’observer avec attention l’utilité réelle d’un tel calculateur.

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