Sortir par le haut
Les débats actuels qui animent notre société sont vifs et nombreux. Nous vivons dans une époque charnière propice à attiser les aspirations de chacun. L’ expression Monde d’après qui traduit le plus souvent ce changement, laisse peu d’ambiguïté sur l’ampleur du mouvement que sommes en train de vivre.
La mobilité est au cœur de ces débats tant en terme de modalités (ferroviaire, aérien, maritime…) qu’en terme de moyens technologiques pour l’améliorer. L’avènement ces dernières années de nouvelles énergies pour assurer nos déplacements tend à scinder un peu plus nos usages. Cela crée de nouveaux adeptes. En particulier chez ceux que la combustion et ses émissions désormais rebutent.
Notre aviation bien qu’elle ne représente qu’une part infime de cette mobilité désignée comme carbonée, semble avoir été le catalyseur idéal pour soigner le mal que nos usages infligeraient à la planète. Elle est ainsi devenue en quelques mois à peine, la cible de premier choix d’un militantisme écologique à tous crins, du plus sincère au plus convenu (en particulier lorsqu’il cache une forme d’anticapitalisme).
Deux mondes se font face
Simple crise de conscience ou réelle prise de conscience? En dépit des efforts plus que jamais consentis précisément dans le but d’infléchir les pratiques émissives, la confrontation semble inévitable. Deux mondes se font face.
Celui que nous défendons ici est pragmatique. Il s’appuie sur les acquis qu’un siècle de progrès a permis. Il ne souhaite pas les renier mais au contraire veut continuer à les améliorer en s’appuyant sur son savoir faire et sur les capacités encore présentes (mais pour combien de temps?) d’ une industrie solide.
L’autre, celui de nos détracteurs s’appuie sur la crainte omniprésente d’un réchauffement climatique. Un argument aussi impalpable (bien qu’on tente d’y relier chaque catastrophe ou signe faible ) qu’imparable tant nous devrions de fait, tous nous sentir concernés. Selon les dires des plus convaincus, Il saurait justifier à lui seul la mise à l’arrêt du transport aérien.
Les jeux sont faits
Le débat engagé entre ces deux Mondes , plus soutenu du côté des écologistes d’ailleurs, car ces derniers sont indubitablement plus rompus aux pratiques de l’activisme que les gens d’aviation, risque fort de nous ennuyer rapidement tant les données de la problématique supposée sont simples et finalement peu nombreuses. Force est de constater qu’on va très vite de part et d’autre tourner en rond par manque d’arguments.
Les uns attendront du ciel, sans doute partagés entre espoir et angoisse, les signes probants d’une aggravation de la situation climatique que les rédacteurs du GIEC s’empresseront de consigner dans leurs rapports. Ils continueront alors à pointer du doigt un secteur d’activité érigé en totem, harcèleront les politiques pour demander l’arrêt des vols ou à défaut la mise en place de nouvelles contraintes capables de décourager les voyageurs inconscients encore tentés d’utiliser l’avion. Tout cela renforcera la légitimité de quelques “gourous” aussi médiatiques qu’ anxiogènes, dans leur combat héroïque contre les vilains émetteurs de carbone.
Les autres trop occupés, continuerons probablement à faire le gros dos, à encaisser les coups tout en essayant d’organiser une maigre résistance pour défendre notre belle aviation Française .
Rien ne va plus
Les chiffres désormais bien établis évolueront peu en dehors de quelques soubresauts atypiques (Covid par exemple). Les progrès du secteur tendront bien évidemment à les tirer vers le bas puisque que toute la filière a orienté ses pratiques en ce sens (configurations et trajectoires de vol, développement de systèmes alternatifs pour les roulages…). Il semble par ailleurs acquis que la crise sanitaire devrait aussi naturellement influencer de manière négative les résultats pour ces prochaines années .
Côté R&D l’évolution de fond engagée pour l’usage de nouvelles énergies, dont l’hydrogène, voir la conception d’avions radicalement différents ne devrait pas connaître de revirement spectaculaire. C’est là une carte essentielle à jouer pour notre industrie. Les grands constructeurs dont Airbus l’ont bien compris.
Qui va gagner?
Tout cela devrait donc assez logiquement tourner à l’ennuyeux dans une routine où deux visions s’affronteront longuement au sujet de leurs certitudes. Chacun tentera d’emporter l’adhésion du public pour trancher le débat en rabâchant inévitablement les mêmes arguments. Si tout se passe bien, les avions continueront à voler avec ici ou là quelques ajustement pratiques (sauf pour les passagers). Les pollueurs resteront pollueurs aux yeux des écologistes qui rechigneront à reconnaître, malgré les évidences, les progrès accomplis. Et les détracteurs hélas aussi resteront fidèles à eux mêmes. Sans doute parce que dans la dialectique inhérente à leur condition militante, l’aviation est cet ennemi qui leur donne paradoxalement une raison supplémentaire d’exister.
Quoi qu’il en soit, de notre côté, nous ne nous en sortirons qu’en restant unis dans cette grande famille qu’est l’aviation et en nous gardant bien d’abandonner l’idée de toujours prendre un peu de hauteur.