Prendre de la hauteur ou toucher le fond?
Par un communiqué du 15 Février 2021 l’Union Nationale des Compagnies Aériennes Françaises (UNCAF) appelle le gouvernement à profiter de la crise inédite que traverse le pays pour renverser la table et “repenser le transport aérien”.
Un positionnement qui pose question
Flattant au passage l’idéologie dominante du moment, l’organisation qui regroupe une trentaine de membres, fustige essentiellement le modèle économique Low-cost dont les tarifs sont selon elle déraisonnablement trop bas.
N’hésitant pas à reprendre au passage le vocable (“monde d’avant”) qu’on est plus habitué à entendre dans le discours de ceux qui, précisément, s’opposent à l’aviation tout court” l’UNCAF propose au gouvernement une application stricte de tarifs minimums pour l’ensemble des vols courts, moyen et longs courriers soit respectivement 350€ 450€ et 550€ par A/R.
Notons que cette pratique reviendrait de fait à déconnecter l’aérien du modèle d’économie de marché pour l’amener dans une forme d’économie dirigée. Un choix discutable.
Sur le papier, l’idée peut paraître séduisante pour assurer la rentabilité des compagnies, toutefois cela pose plusieurs problèmes.
- La mesure impacterait une clientèle aux revenus modestes et reviendrait à donner raison à ceux qui reprochent à l’avion d’être un mode transport réservé aux plus fortunés.
- Les conséquences industrielles et sociales liées à l’application d’un telle mesure seraient sans doute bien plus dommageables pour le transport commercial dans son ensemble que l’avantage qu’on pourrait en attendre.
Une proposition sérieuse?
Ce communiqué a de quoi surprendre, tant sur le fond que dans le ton. N’est il pas contradictoire d’évoquer en préliminaire la question écologique de réduction des émissions pour parler avec cynisme quelques lignes plus bas des “avions volant à l’essence de pissenlits”? De même, arguer qu’une augmentation drastique du prix du voyage serait une mesure plus “verte” que l’ajout gouvernemental de nouvelles taxes “écologiques” relève de la gageure. Pas sûr que celui qui paie le billet adhère au concept… sauf si le but est de faire fuir le client.
Il existerait bien d’autres moyens de s’attaquer au problème. La première et la plus juste d’entre elles serait de résoudre l’incapacité Européenne à harmoniser ses règles fiscales et sociales. Cette arlésienne vaut elle le recours au suicide de l’ aviation commerciale? Voilà en tous cas de quoi relancer le débat.